[Médecins généralistes ]« Chers confrères, prendre soin de soi n’est pas un luxe ! »

Mise à jour le 07 mars 2025 | Stress Travail et Santé

Jusqu’à un quart des généralistes disent vouloir quitter la médecine pour une profession non soignante. En cause : un épuisement professionnel croissant. Améliorer les conditions de travail et la santé mentale des médecins est donc une priorité, non seulement pour eux-mêmes mais aussi pour les patients, alors que les pénuries médicales s’aggravent. Comment lutter contre ce mal-être ? Les conseils pratiques du Dr Maxim Challiot.

Vous vous décrivez comme un médecin « compagnon de route des soignants, en quête d’équilibre entre sauver les autres et se sauver soi-même ». Quelle est l’origine de cette mission ? 

Plus qu’une mission, mon engagement pour le bien-être des médecins généralistes libéraux – et plus largement des soignants – se fonde sur mon parcours de vie et mes expériences personnelles. J’ai été patient avant de devenir médecin : me retrouver de l’autre côté de la barrière m’a fait prendre conscience très rapidement de l’importance de la qualité de vie et de la santé mentale des professionnels de santé. Les conditions de travail parfois très dégradées et une charge de travail élevée, auxquelles s’ajoute un manque de reconnaissance, sont autant d’éléments contribuant à la dégradation de la relation médecin-patient et qui peuvent assurément mettre en échec la prise en soin du patient. 

Cette expérience ainsi que d’autres particulièrement marquantes m’ont conduit à vouloir devenir un médecin empathique, capable de porter une attention sincère à mes patients.

Après avoir expérimenté le milieu hospitalier dans un contexte particulier de crise des hôpitaux – accentuée, à l’époque, par la pandémie de Covid- 19 –, j’ai décidé de l’abandonner au profit du domaine médico-social, secteur méconnu de beaucoup de professionnels de santé. Je suis à présent médecin spécialiste en médecine physique et de réadaptation, particulièrement engagé dans la réinsertion professionnelle des victimes d’accidents de la vie (AVC, traumatismes crâniens, burn out), et j’apprécie de pouvoir prendre le temps d’écouter, de créer une véritable relation médecin-patient en étant attentif à la forme du soin prodigué. J’apprécie aussi de ne pas être isolé et de pouvoir échanger régulièrement avec mes collègues.

En 2024, j’ai eu l’honneur de diriger la thèse d’exercice d’Alexandre Galiay sur la qualité de vie au travail et le bien-être mental des médecins généralistes libéraux français. Ce travail a clairement montré, données à l’appui, qu’il est urgent de s’en préoccuper ! 

Existe-t-il des données épidémiologiques sur ce mal grandissant qui touche les médecins généralistes ? 

La crise qui touche la spécialité de médecine générale est déjà évocatrice de ce mal-être : sur la période 2010 – 2022, le nombre de généralistes a diminué de 11 %, soit une perte de 10 128 médecins. Le nombre de leurs installations en libéral a également chuté de 9 %, et 25 % des médecins généralistes évoquaient l’envie de se réorienter vers une branche autre que le soin. Ces chiffres s’expliquent notamment par leurs conditions de travail : charge, stress, moindre rémunération par rapport à d’autres spécialités, exigences démesurées (bien soigner en un minimum de temps, enchaîner les consultations, réaliser de nombreuses tâches administratives…). Cela compromet également la qualité de vie personnelle. Ainsi, ils sont exposés à divers risques psychosociaux tels que l’anxiété ou la dépression, notamment en l’absence de soutien professionnel. Cela peut, à terme, mener à l’épuisement professionnel, ou burn out. Selon deux méta-analyses françaises, la prévalence du burn out se situerait entre 40 et 60 % chez les médecins généralistes.

Au-delà du mal-être individuel du médecin généraliste, ce mauvais état psychique, voire physique, entraîne des répercussions indéniables sur la qualité des soins, pouvant porter ­atteinte à la sécurité du patient, avec une majoration d’erreurs médicales, ainsi qu’à la relation médecin-patient. Ces situations peuvent mener à un sentiment de ne pas arriver à prendre soin correctement de ses patients, aboutissant à une désillusion vis-à-vis du métier de médecin généraliste. Cela entraîne, chez beaucoup, un désir de reconversion professionnelle.

Lire la suite (sur abonnement), « Quels sont les facteurs de risque de burn-out chez les médecins généralistes ? » sur le site larevuedupraticien.fr


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